Petit précis de la COY14 (Franco-polonais)

Petit précis de la COY14 (Franco-polonais)

Claire Coutelle, 22 ans, fraîchement diplômée d’un Master en Sciences politiques de l’Europe  de l’Université de Nantes, a rejoint l’Association Jeunesse pour l’Eau et le Climat (AJEC) à la rentrée 2018. Qui dit néophyte, dit baptême : au nom de l’AJEC, mais aussi à titre personnel, Claire a participé à la COY14 à Katowice du 29 novembre au 1er décembre derniers. Retour d’expérience sur trois jours de conférences et d’ateliers sur le climat en compagnie de jeunes du monde entier engagés dans l’action climatique.

 

 

Une traduction, s’il vous plaît ?

Si votre voisin a peut-être vaguement entendu parler de la COP24, les chances sont maigres qu’il sache vous dire ce qu’est la COY14… Pourtant, depuis maintenant quatorze années consécutives se tient une « Conference of Youth », quelques jours avant la Conférence des Parties à la Convention cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique (COP), temps fort annuel des négociations climatiques. Cependant, à la COY, traditionnellement organisée dans le pays hôte de la COP, pas de négociations ni de débats sous haute tension pour décider de l’avenir de l’humanité. Pendant trois jours de conférences et de workshops, la COY rassemble des jeunes du monde entier déjà engagés dans la lutte contre le changement climatique et l’adaptation à ses conséquences au sein de leurs communautés, mais aussi sur la scène internationale. Et beaucoup, quelque soit leur âge (à 15 ans, certains avaient déjà réalisé des changements considérables dans leur lycée) suscitent l’admiration par leur engagement, leur conviction et leurs projets.

 

Partage d’expériences, networking et plaidoyer

Au nom de l’AJEC, mais aussi par intérêt personnel (j’ai entre autre rédigé mes mémoires de master sur certains enjeux énergétiques et climatiques en Allemagne et en Australie, et j’essaie aussi d’agir dans mon environnement quotidien ; prochaine étape : monter un projet pour une cafétéria étudiante « zéro déchets » !), j’ai eu l’opportunité de me rendre à Katowice, ville charbonnière du sud-ouest polonais, pour participer à la quatorzième Conference of Youth, juste avant le début de la COP24 le 2 décembre, à quelques centaines de mètres du lieu de la COY[1].

La COY crée une plateforme où la jeunesse peut faire part de son expérience du changement climatique et partager ses idées, ses espoirs, ses craintes et ses projets. J’ai été très surprise, et touchée, d’entendre les récits de certains jeunes sur la réalité du changement climatique tel qu’il se manifeste dans leur quotidien. Ces jeunes venaient de Chine, de Taiwan, d’Inde, mais aussi de Pologne ou d’Allemagne. Un Indien nous a raconté à quel point la chaleur en Inde devenait littéralement insoutenable pendant la période chaude de l’année.

Le story telling, s’il peut paraître purement anecdotique, voire inutile et larmoyant, peut en réalité se révéler une véritable base de l’action pour le climat. C’est ce que j’ai réalisé lors de cette conférence menée par Shantanu Agrawal, « Telling Better Climate Change Stories ». Sa thèse ? Personne ne se soucie du climat parce que « c’est urgent » et qu’il « faut bien compenser la politique climatique désastreuse d’un Trump ou d’un Salmane al-Saoud » ; pour peu que nous nous soucions du climat, notre motivation est bien plus personnelle, bien plus profonde. Nous voulons agir pour ce grand-père qui souffre un peu plus terriblement chaque été de canicule, ou pour ce fils handicapé dont la plus grande joie est de pouvoir nager dans une piscine qui n’existera bientôt plus à cause des pénuries d’eau, ou encore pour cette maison disparue dans les flammes de Californie. Qu’importe si notre histoire pousse ou non les autres à agir ; l’important est de trouver sa propre motivation. Essayez de parler climat aux gens qui vous entourent sous cet angle personnel, et observez la réaction !

Lieu de partage d’expériences et de réseautage, la COY ne remplirait qu’à moitié ses fonctions si elle ne débouchait pas sur la rédaction d’un plaidoyer de la jeunesse sur le climat à l’attention des décideurs politiques de la COP. Ce plaidoyer est rédigé sous la direction des jeunes de YOUNGO, un groupe de la jeunesse agissant dans le cadre de la Convention cadre des Nations Unies sur le changement climatique et qui impressionnent par leur expertise, leur sérieux et leur ambition pour les politiques climatiques nationales et internationales.

 

What’s next? Une envie d’agir encore plus forte

À des milliers kilomètres de Nantes, j’ai croisé le chemin d’une délégation de 10 Nantais accompagnés par le maire adjoint écologiste, mais aussi de Néerlandaises à l’origine de la première Local COY (LCOY) des Pays-Bas, des étudiants de Lausanne en pointe en matière de compostage, ou encore de Coréennes investies dans les discussions au sein du Fond vert pour le climat. Si je n’ai malheureusement pas pu participer à la rédaction du plaidoyer de la jeunesse pour le climat faute d’une communication efficace, tous ces jeunes ont néanmoins été pour moi une formidable source d’inspiration et de motivation. Le sentiment a été partagé. De plus, participer à la COY a été une sorte de baptême au sein de l’AJEC, car cela m’a permis de mieux connaître l’association, et donné l’envie de profiter à fond des ressources qu’elle offre pour agir. Last but not least, comme on dit en polonais, plusieurs projets sont nés lors de ce périple. Le premier que j’aimerais mettre en place est le développement d’un concept de cafétéria étudiante (du CROUS) « zéro déchets » sur le campus Tertre de l’Université de Nantes, en lien avec les étudiants et des associations locales pour le compostage des déchets alimentaires et le consignage des bouteilles. De manière plus personnelle, après ma rencontre avec les jeunes Nantais, je ne peux pas ne pas tenter d’aller vers un quotidien « zéro déchets », parce qu’ils m’ont prouvé que c’était possible.

Car la COY sert aussi à cela : prendre conscience de sa capacité à agir, et à faire une différence ! Alors, Do widzenia, et à l’année prochaine en Amérique du Sud pour la COY15 ! (Les jeunes de la LCOY Néerlandaise ont pour projet de s’y rendre par la mer, en voilier. À bon entendeur, salut !)

 

[1]J’ai été aidée par une subvention de l’Office franco-québécois pour la jeunesse (OFQJ), qui soutient l’AJEC.

 

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