Projet Alter Agua
L’Association Jeunesse pour l’Eau et le Climat donne la parole à des jeunes qui agissent dans le cadre de la lutte contre les changements climatiques. Aujourd’hui, voici le projet « Alter Agua », porté par Grégoire Vincent et Léa Combe.
Le contexte
Si l’eau est à la base de la vie, elle est aussi la ressource qui permet à toute société humaine d’exister et de se développer. Elle est présente dans le quotidien des individus, leur permettant de satisfaire leurs besoins les plus vitaux. Cette consommation quotidienne et individuelle n’est qu’un aspect d’une dépendance plus globale de nos sociétés à l’eau douce. Cette consommation, qualifiée de « domestique », ne représente en effet que 8% de la consommation mondiale d’eau, loin derrière l’agriculture (70%) et l’industrie (22%). Nos modes de vie et de consommation sont, de faite, très dépendantes de la ressource en eau. Sa gestion est donc à la fois un enjeu global, transversal et mondial. Or, la ressource en eau douce a tendance à se raréfier et se dégrader. Localement, les crises se multiplient : conflits d’usages, tensions sociales, désastres écologiques. Rappelons nous de la place de l’eau dans le conflit israélo-palestinien, du drame de Sivens, des émeutes de la soif au Maghreb, des ravages du mercure dans les eaux amazoniennes. La hausse de la démographie et les activités humaines sont la principale cause de cette situation: surconsommation, gaspillage, pollution. Le réchauffement climatique agit comme un catalyseur des crises déjà en cours ou en devenir. L’évolution significative de la pluviométrie, la multiplication des évènements extrêmes (sécheresse, crue), l’accentuation de l’évaporation sont autant d’effets qui impactent la quantité d’eau douce disponible, en particulier dans les territoires au climat aride ou semi-aride. Selon une étude parue dans la revue Nature, plus d’une centaine de grandes villes dans le monde vont subir de graves pénuries d’eau d’ici 2050. La ville du Cap a déjà ouvert le bal en 2018, en se rapprochant dangereusement du “Jour zéro”, le jour sans eau. Sur la même période, 40% de la population mondiale risque de vivre dans des bassins hydrographiques soumis à un stress hydrique élevé. Les projections sont donc inquiétantes, les conséquences potentiellement catastrophiques. La société, dans son ensemble, doit anticiper, innover et se mobiliser. Pour cela, le grand public doit s’approprier la question de la préservation et de la gestion des ressources en eau. Cette question doit devenir un enjeu citoyen majeur, être portée dans le débat public et investie par les acteurs de la société civile. Cependant, l’eau reste bien souvent un sujet de spécialistes cloisonnés du reste de la société. Les acteurs de l’eau demeurent encore fermés au grand public qui, par ailleurs, ne se sent pas forcément légitime pour interagir sur ce sujet. En effet, les enjeux économiques, politiques et sociaux relatifs à la gestion de l’eau sont bien souvent relégués au second rang derrière les considérations techniques. L’eau reste un sujet d’experts, discuté dans l’entre-soi des réunions d’élus locaux, des séminaires techniques. Or, le citoyen devrait être au cœur des discussions relatives à la gestion de l’eau. En effet, les orientations techniques sont la plupart du temps soumises à des impératifs sociaux, économiques et politiques, autrement dit à des choix de société. Par ailleurs, les aspects techniques, qui semblent inabordable par le commun des mortels, peuvent en réalité être intelligibles et compréhensibles grâce à un effort de vulgarisation et de pédagogie. Il y a donc un intérêt certain à intégrer l’expertise technique au débat citoyen et vice et versa. Il est possible, et nécessaire, d’impliquer les citoyens, non seulement en les sensibilisant aux causes globales de la dégradation des ressources en eau douce, tant d’un point de vue qualitatif que quantitatif, mais aussi en démontrant aussi que les solutions sont avant tout locales, à leur portée. Le monde ne manque pas d’initiatives inspirantes, qu’elles soient individuelles, collectives, citoyennes, privées ou publiques, visant à préserver et à gérer durablement la ressource en eau. Les solutions sont autant technologiques que sociales, économiques ou politiques. Elles s’inscrivent dans des registres et des échelles d’actions très différentes. Ces solutions sont autant le fruit d’expérimentation et d’innovation que de perpétuation de traditions et de pratiques. Il convient donc de mettre en perspective.
Les enjeux
Le projet Alteragua a pour objectif de promouvoir la préservation et la gestion durable de la ressource en eau dans le débat public. Il s’agit non seulement d’alerter sur les constats, mais aussi de montrer qu’il est possible d’agir de manière concrète à différentes échelles. Nous proposons de donner au plus grand nombre des clefs de compréhension et des idées d’actions pour répondre aux défis de la raréfaction et de la dégradation des ressources en eau. Nous irons à la rencontre de ceux qui agissent et proposent des solutions à ces enjeux. Qu’ils soient simples citoyens, militants, ingénieurs, chercheurs, élus, agriculteurs, entrepreneurs ils répondent à leurs manières, dans leurs contextes propres et avec leurs pratiques, aux mêmes défis. Nous irons les filmer et rendrons compte des problèmes spécifiques qu’ils ont voulu régler et des solutions qu’ils proposent. Nous avons choisi de commencer ce travail documentaire en Amérique, et plus particulièrement dans les régions situées à l’ouest des Andes et au nord du Mexique. Il semble en effet pertinent d’aller dans des territoires aux caractéristiques socio-économiques relativement proches (par rapport à l’Afrique par exemple) et où les problématiques de l’eau sont plus prégnantes, qu’en France et en Europe. Par ailleurs, de par le caractère global et universel du sujet, il semble nécessaire de s’ouvrir à d’autres visions, d’autres approches. Le continent américain concentre quantité d’enjeux liés à l’eau et au moins autant de manières d’y répondre. Cela est dû à sa grande diversité géographique, climatique, culturelle, économique, politique. Au nord comme au sud des régions et métropoles sont confrontés à des problèmes graves d’approvisionnement en eau mais aussi de pollution, de surconsommation et d’accès. Chaque initiative rencontrée fera l’objet d’une vidéo courte, diffusée sur les réseaux sociaux. L’idée est de proposer un contenu vulgarisé dans un format qui soit facilement consommable et partageable afin de toucher et sensibiliser un maximum de monde. La diffusion des vidéos s’inscrira dans une stratégie globale de communication autour du projet. Les vidéos seront dans un premier temps diffusées en français mais des versions en langues étrangères (en espagnol et en anglais) sont envisagées. Par ailleurs, un site internet permettra, à ceux qui le souhaitent, de découvrir des contenus (écrits, photos, vidéos) plus approfondis sur les initiatives rencontrées. Mis bout à bout, toutes ces rencontres raconteront une histoire qui prendra la forme d’un film documentaire. Ce film sera présenté et projeté au public à l’occasion de conférence, festivals, réunions publiques.
Nos motivations
Nous avons tous les deux 25 ans et sommes originaires de la Drôme. Nous sommes, à l’image de notre génération, fortement sensibilisée et mobilisée par les questions environnementales. Si nous sommes pessimiste sur les constats, nous sommes optimistes dans nos capacités à changer positivement les choses. Dans la droite ligne du film “Demain”, nous pensons que le pouvoir est dans les mains de chacun, qu’il faut s’inspirer de ceux qui, déjà, se mobilisent, inventent et proposent d’autres voies. Après des études en sciences politiques, Grégoire a étudié la gestion de l’eau à AgroParisTech. Cette expérience a abreuvé nos discussions et nous a mené au même constat : si tout le monde s’accorde à dire que l’eau “c’est la vie”, s’alarme sur d’hypothétiques “guerres de l’eau”, pas grand monde s’intéresse à la gestion de l’eau en elle même. C’est pourtant là que se joue l’avenir de ce bien commun qu’est l’eau. Débutant nos vies professionnelles, Léa en tant qu’éducatrice spécialisée et Grégoire en tant que chargé de mission dans un réseau associatif, l’idée de faire quelque chose autour de la gestion de l’eau fait son chemin. Mais que faire ? Que dire ? Sur les réseaux sociaux, de nombreuses vidéos nous interpellent sur la crise climatique que nous commençons à traverser. Ces vidéos nous interpellent, certes, mais nous montrent aussi que des solutions existent, que des initiatives émergent un peu partout dans le monde. Encore une fois, la question de l’eau est évoquée mais jamais réellement creusée. Si personne le fait, pourquoi pas nous ? Nous en parlons à nos amis, nos connaissances. Nous voyons qu’il y a un réel intérêt pour un tel projet. Des amis vidéastes sont partants pour nous soutenir sur les aspects vidéos, des universitaires nous ouvrent leurs carnets d’adresse, des professionnels de la gestion de l’eau nous conseillent… L’idée est lancé, il faut maintenant la concrétiser. Après une longue réflexion et de nombreuses discussions, c’est en Amérique Latine, ce continent aux nombreux enjeux, à la tradition de gestion communautaire forte, que nous commencerons le projet. Ce projet, c’est Alter Agua.
Objectifs du projet
Objectif global : Promouvoir la question de la gestion durable et de la préservation l’eau dans le débat public
Objectif spécifiques :
– OS1 : Sensibiliser le grand public aux enjeux et solutions touchant à la crise de l’eau
– OS2 : Créer des ressources pédagogiques, à destination des écoles et université, et plus généralement du grand public, nourrissant la réflexion globale sur la gestion et la préservation de l’eau
– OS3 : Participer au débat public autour des problématiques touchant à l’eau
Résultats attendus
– Publication de contenus (vidéo, photo, écrit) sur les internet (site, réseaux sociaux) pendant toute la
période du projet.
– 10 capsules vidéo (3 min 30) sur des initiatives proposant des solutions aux crises de l’eau qui seront diffusés sur les réseaux sociaux.
– 1 site internet du projet compilant vidéos et ressources pédagogiques sur la thématique de l’eau.
– 1 film documentaire. Au moins 10 projections publiques seront réalisées.
Mise en œuvre du projet
Le projet débute par une phase d’étude et de recherche. Nous réaliserons 2 vidéos pilotes sur des initiatives en France (avril – septembre 2019). La phase de tournage à l’étranger durera 8 mois (novembre 2019 – juin 2020). La diffusion des vidéos sur les réseaux sociaux se fera en continue pendant cette période. La phase de montage du documentaire durera 2 mois et demi (juillet – octobre 2020). Le documentaire sera projeté dans les mois qui suivent le montage avant d’être diffusé de manière libre et gratuite sur internet.
Pérennité du projet
– Les contenus issus du projet (vidéos, ressources pédagogiques, film documentaire) seront librement accessible dans le temps et l’espace.
– Une diffusion des vidéos en anglais et en espagnole sera assurée.
– Le projet pourra être enrichi par la production de nouveaux contenus en France ou à l’étranger.